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novembre 27th, 2010

 


Belafonte: encore

novembre 21st, 2010

J’ai peut-être trouvé une solu­tion exploi­table pour la créa­tion d’une fonte qui ren­drait le juste hom­mage au Calypso de R. Excoffon.

Expé­ri­men­ta­tion en cours.

Ne rier pas du poids

octobre 19th, 2010

Je suis vic­time de librus eter­nus, le syn­drome du car­net inachevé, celui qui assiste au com­men­ce­ment des autres avant d’être fini lui-même.

Pour faire simple, j’ai au moins trois pro­jets typo­gra­phiques en cours, dont Fen­gardo, évi­dem­ment. Je n’ai pas vrai­ment le temps de les déve­lop­per pour l’instant, du vrai tra­vail m’occupe par ailleurs, ce qui est aussi une bonne chose. Et pour­tant, j’ai quand même trouvé le moyen de plan­ter une nou­velle idée dans mes heures creuses, celle d’un exer­cice de style autour de mon vif inté­rêt pour la typo­gra­phie à voca­tion publi­ci­taire de la fin du XIXe, impo­sante et brutale.

Comme mordre à chaque hame­çon de mes ins­pi­ra­tions aux qua­li­tés très nive­lées serait dan­ge­reux pour ma santé men­tale, j’ai choisi d’en faire un exer­cice (de style donc) en temps limité; ce qui pour­rait abou­tir sur quelques fontes libres, sans aucunes pré­ten­tions celles là.

Ainsi, je sui­vrais les traces du mec qui a déve­loppé le prin­cipe de la sar­ba­cane à pis­ton fabri­quée à par­tir d’un effa­ceur au mar­quage bleu marine de type bar­ber­shop, cou­plé à la cap­sule phal­loïde d’un stylo à bille Rey­nolds™. C’était une idée simple mais effi­cace qui fut rapi­de­ment mise au ser­vice de l’emmerdement maxi­mum dans de nom­breux col­lèges de France, et sim­ple­ment dif­fu­sée grâce à la modes­tie de ses élé­ments consti­tu­tifs et son coût quasi-nul (même s’il fal­lait par­fois se pri­ver de sa capa­cité de cor­rec­tion, i.e. sacri­fier l’effaceur, afin de prendre part à la bataille imminente).

Loin de moi l’idée d’emmerder le monde, ni même d’inventer quoi que ce soit, je songe sur­tout à faire de ces exer­cices un ter­rain d’expérimentations simples qui, à l’occasion, pour­rait prendre une forme utile à d’autres.

L’idée est lan­cée, je suis déjà curieux de sa durée de vie.

Je dis beau­coup graisse, c’est mal. En fait je vou­lais ‘juste’ intro­duire la ten­ta­tive créa­tive en cours, simple, grasse et capi­tale. Elle a coûté envi­ron 6 heures jusque là (sur 5 jours), et je ne lui en accor­de­rait guère que 4 de plus pour s’étoffer en un sim­plis­sime, et volon­tai­re­ment irré­gu­lier, carac­tère de titrage.

Corbeille

septembre 7th, 2010

Je me trou­vais dans un train à des­ti­na­tion de la cam­pagne alsa­cienne avec l’intention acces­soire de rendre un livre. Comme le tra­jet était connu, je me suis replongé dans le livre en ques­tion: le fac-similé d’un ouvrage achevé d‘imprimer en 1529, Champ­fleury.

Il m’avait été prêté par l’ami de lettres à qui je ren­dais visite, lequel avait dû esti­mer que ma typo­ma­nie m’inclinerait à en appré­cier le contenu, ce que l’intitulé exact du livre – Art et science de la vraie pro­por­tion des lettres – sug­gé­rait éga­le­ment. Même pour un modeste ini­tié de l’imprimé ancien, la gra­phie et la fan­tai­sie ortho­gra­phique de cette écri­ture imposent de consa­crer de 5 à 10 minutes par page pour être à peu près sûr d’en avoir extrait la sub­stan­ti­fique moelle. Avant de trai­ter de la par­tie qui confère sa valeur à cet ouvrage, à savoir le pro­pos typo­gra­phique, l’auteur – GEOFROY TORY – s’étale sur les rai­sons qui font de la langue fran­çaise l’expression par­faite de l’excellence natu­rel­le­ment française…

Cette mer­veille de démons­tra­tion peut se lire avec une iro­nie amu­sante puisque le fran­çais de l’auteur, qu’il consi­dère comme le plus noble et abouti de son temps – par oppo­si­tion à celui des escu­meurs de latin, plai­san­teurs et jar­gon­neurs –, est une mer­veille d’anarchie ortho­gra­phique et typo­gra­phique (pour l’œil contemporain).

À sa décharge, notons que l’Académie Fran­çaise, à laquelle Riche­lieu a confié la tâche de régler ce pro­blème récur­rent jusqu’alors, n’a été créée qu’un siècle plus tard. Il n’est pas rare de voir écrit de quinze à dix-sept que les fran­çais ne sont autres que les des­cen­dants légi­times des romains, et qu’à ce titre, le fran­çais n’est que le suc­ces­seur natu­rel du beau latin des poètes, his­to­riens & dra­ma­turges antiques.

Si fiers nous sommes, de nos Répu­bliques, de nos Sénats; un autre homme de petite taille avait même ramené le titre de Tri­bun dans ses ordres, un peu avant d’inventer la Légion d’Honneur… Mais ce qui est devenu banal grâce au mar­tè­le­ment presque sub­til d’une édu­ca­tion francque, prend une forme encore plus géniale avec l’auteur de ce livre. Lui, évo­quant l’appui d’aut­heurs dignes de foy, en vient à nous expli­quer que les Romains, et les Grecs de même, étaient bien gen­tils mais que si nous sommes Saint-Émilion, ils s’assemblaient en une piquette de qua­lité supé­rieure, ce que leurs propres mytho­lo­gies ont la gen­tillesse de cor­ro­bo­rer. La belle ana­lo­gie qui per­met de célé­brer notre nation comme crème de la crème de l’humanité est illus­trée par le mythe d’Hercules.

En vous épar­gnant le détail de ce qui fait d’Hercules un être pro­fon­dé­ment sage, rai­sonné et donc fran­çais, rele­vons sim­ple­ment que la preuve de notre gran­deur repose sur le fait de sou­li­gner qu’Hercules est, chez les auteurs Latins & Grecs, Her­cules Gal­li­cus, et non Her­cules Lati­nus ni Her­cules Græ­cus; CQFD donc.

Per­son­nel­le­ment, et j’assume d’être ter­ri­ble­ment seul dans ce cas, je trouve ce genre de détails amu­sants. Ils repré­sentent les dis­crètes racines d’une men­ta­lité qui par­fois m’exaspère mais le plus sou­vent me fait rire, puisqu’elle est notre façon infan­tile d’être fiers d’au moins une chose, notre appar­te­nance à ce grand peuple, édi­fi­ca­teur gran­di­lo­quent d’une huma­nité meilleure…

À ceux que les cours d’Histoire n’ont pas rendu puru­lents d’allergies, je pro­pose de jeter un œil super­fi­ciel à cinq siècles d’évolutions lin­guis­tiques et typo­gra­phiques grâce à un extrait choisi de l’ouvrage men­tionné dans le pré­cé­dent pro­pos, sans but assumé.

Racines

août 30th, 2010

 

Puy des Gouttes, Puy Cho­pine, Puy de Lou­cha­dière, Puy de la Coquille.

Ritornare

août 21st, 2010

Fuori dal mondo – Ludo­vico Einaudi
[Dzr]

En terre cis­al­pine, j’ai res­piré l’air du chan­ge­ment, vu quelques fan­tômes d’Histoire et pris un plai­sir par­ti­cu­lier à fuir la rôtis­se­rie. Je trouve le brun sale, fieffé roya­liste que je suis. Mais même sans fuir les bancs de la crè­ma­tion, je n’aurais craint aucune peine solaire puisque par bon­heur les nuages avaient l’avantage et pre­naient à cœur leur rôle d’ombrages sino­philes, orfèvres d’une lumière généreuse.

Entre deux monts, je me suis recueilli sur la pri­son du légen­daire homme au masque de fer et de Fou­quet, qui est cer­tai­ne­ment res­pon­sable de toute la débauche qui règne en France depuis qu’il a déplacé la vir­gule sur son compte en Vaux, aux dépens du contri­bué royal.

Après cette larme ver­sée sur la for­tune de Maza­rin et l’héritage de Louis Soleil que ça n’a pas trop han­di­capé, il a fallu rejoindre les eaux et là s’est pro­duit ce qui me sur­prend presque chaque année : un anniversaire.

Le jour amor­çant ma vingt-quatrième année a débuté à l’aurore, sur un orage d’été. Mon esprit était dans ses affaires, mon cœur ran­geait sa cel­lule et la pluie sur cette terre plus cou­tu­mière de l’astre qu’elle chante était un cadeau suffisant.

Puis je suis allé voir la mer, pour la seule rai­son qu’elle était furieuse. Ras­sa­sié d’embruns je suis retourné à la bonne auberge, je me suis entraîné au saut à l’élastique en salle et j’ai emmé­nagé dans un palais de marbre, mais pas n’importe lequel puisque c’est celui de David et que lui-même n’est plus tout jeune.

Ensuite, ou avant je ne sais plus trop, j’ai pris la route de Parme, j’avais un peu faim. La visite fût brève mais riche en émo­tions. J’ai enfin trouvé une Flo­rence modeste, avec –90% de tou­ristes; bon, David n’y a jamais été, ce qui est quand même dom­mage. En plus de cette décou­verte qui vaut son pesant de car­re­lage, j’ai appris en entrant dans une église – l’eusses-tu cru – que je fai­sais mal­gré moi un pèle­ri­nage sur les terres glo­rieuses de Giam­bat­tista Bodoni, détail car­to­gra­phique qui m’avait échappé jusque là. J’en fus fort ému et je dû mou­rir sur le champ – enfin, sur le sol de la nef – d’où la fin de ce récit, immédiate.

Mare Liguria

Carrara

Parma

« I was born in a sum­mer storm, I live there still. »

Fengardo, fonte libre*

juillet 24th, 2010

…au télé­char­ge­ment.

Aujourd’hui est un jour comme un autre, sauf qu’aujourd’hui, je me fais Jean-Jacques et je Donne.

J’ai vécu une gros­sesse dif­fi­cile. Il aura fallu que mon per­fec­tion­nisme du dimanche trouve un terme dans l’écoute des sages voix de quelques pairs ami­caux, pour que je me décide enfin à assu­mer cette fonte comme ter­mi­née et à la rendre disponible .

Quand je dis « rendre dis­po­nible », je parle évi­dem­ment de gra­tuité et il y a plu­sieurs rai­sons à cela. La pre­mière de toute est sans doute que je me suis tou­jours consi­déré comme un Jean-Michel Jarre de la typo, un ama­teur gen­til & pas­sionné mais dont les ambi­tions dépassent les qua­li­tés. Ensuite, je suis issu de cette mer­deuse géné­ra­tion du tout-gratuit qui n’a jamais com­pris que la musique, le cinéma, et acces­soi­re­ment la typo, ça se paye puisqu’il s’agit du fruit d’un tra­vail consé­quent. Induit par ma condi­tion, je ne crois guère en la plu­part des modèles éco­no­miques exis­tants dans le monde de la typo. Celui qui m’a le plus convaincu jusque là est celui de Jos Bui­venga, qui dif­fuse gra­tui­te­ment les graisses de base de ses fontes et fait payer les graisses sup­plé­men­taires d’un usage par­fois secon­daire. Il donne ainsi l’occasion aux uti­li­sa­teurs de se fami­lia­ri­ser avec le carac­tère et je pense que l’achat d’une famille est plus évident suite à cette expé­rience. Main­te­nant, je ne sais rien de ses résul­tats finan­ciers avec ce fonc­tion­ne­ment et j’ai cru com­prendre qu’il n’avait pas vrai­ment essayé d’en vivre; ça tombe bien, je ne compte pas essayer non plus. Enfin, je n’ai pas la pré­ten­tion de pro­duire un tra­vail de qua­lité pro­fes­sion­nelle, sur­tout en regard de cer­tains stan­dards éle­vés en matière de fini­tion (ker­ning, hin­ting and co).

J’avais d’abord envi­sagé de dif­fu­ser une ver­sion 0% avec un set de base et le strict néces­saire pour les usages les plus cou­rants. Et puis je me suis dit que c’était absurde puisque j’avais des­siné plus que ça, par ailleurs j’avoue avoir eu la flemme de faire des coupes franches dans l’Opentype.

Il s’agit donc d’un joli petit bébé de 400 glyphes et des brouettes, le set de base, chiffres elzé­vi­riens par défaut, chiffres ali­gnés pro­por­tion­nels et tabu­laires en Open­type, Small Caps, quelques formes his­to­riques, variantes de titrage, etc. Juste pour rire, la fonte couvre l’utilisation de ces langues là: alba­nais, alle­mand, anglais, basque, bokmål nor­vé­gien, cata­lan, cor­nique, danois, espa­gnol, esto­nien, féroïen, fin­nois, fran­çais, gali­cien, galla, grec, indo­né­sien, irlan­dais, islan­dais, ita­lien, malais, manx, néer­lan­dais, nynorsk nor­vé­gien, por­tu­gais, somali, sué­dois, swa­hili. La der­nière est ma pré­fé­rée, puisque le Roi lion pourra décla­rer sa flamme à sa femme en fen­gardo et en ver­sion originale.

Plai­san­te­rie lin­guis­tique et médiocre mise à part, je dois remer­cier les acteurs dis­crets de cette pro­duc­tion, à com­men­cer par les pré­cep­teurs qui m’ont ino­culé le bacille du typo­graphe, les amis qui me souffrent, ceux qui m’éduquent, ceux qui font vivre ma verve typo­gra­phique, et les bêta-testeurs qui ont appré­cié ce carac­tère même lorsqu’il était tout bon­ne­ment hideux.

Allez hop, on passe à la caisse maintenant:

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Fen­gardo par Loïc San­der est mis à dis­po­si­tion selon les termes de la licence Crea­tive Com­mons Pater­nité — Pas de Modi­fi­ca­tion 3.0. Les auto­ri­sa­tions au-delà du champ de cette licence peuvent être dis­cu­tées par ici: loic (at) aka­lol­lip (dot) com

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Quant à ceux que mes états d’âme sur la nais­sance de Fen­gardo inté­ressent, vous pou­vez pour­suivre, munis­sez vous d’un grand verre de Banga™ et bonne chance.

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L’accessible…

juin 24th, 2010

…devient plus que possible.