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Fuori dal mondo – Ludo­vico Einaudi
[Dzr]

En terre cis­al­pine, j’ai res­piré l’air du chan­ge­ment, vu quelques fan­tômes d’Histoire et pris un plai­sir par­ti­cu­lier à fuir la rôtis­se­rie. Je trouve le brun sale, fieffé roya­liste que je suis. Mais même sans fuir les bancs de la crè­ma­tion, je n’aurais craint aucune peine solaire puisque par bon­heur les nuages avaient l’avantage et pre­naient à cœur leur rôle d’ombrages sino­philes, orfèvres d’une lumière généreuse.

Entre deux monts, je me suis recueilli sur la pri­son du légen­daire homme au masque de fer et de Fou­quet, qui est cer­tai­ne­ment res­pon­sable de toute la débauche qui règne en France depuis qu’il a déplacé la vir­gule sur son compte en Vaux, aux dépens du contri­bué royal.

Après cette larme ver­sée sur la for­tune de Maza­rin et l’héritage de Louis Soleil que ça n’a pas trop han­di­capé, il a fallu rejoindre les eaux et là s’est pro­duit ce qui me sur­prend presque chaque année : un anniversaire.

Le jour amor­çant ma vingt-quatrième année a débuté à l’aurore, sur un orage d’été. Mon esprit était dans ses affaires, mon cœur ran­geait sa cel­lule et la pluie sur cette terre plus cou­tu­mière de l’astre qu’elle chante était un cadeau suffisant.

Puis je suis allé voir la mer, pour la seule rai­son qu’elle était furieuse. Ras­sa­sié d’embruns je suis retourné à la bonne auberge, je me suis entraîné au saut à l’élastique en salle et j’ai emmé­nagé dans un palais de marbre, mais pas n’importe lequel puisque c’est celui de David et que lui-même n’est plus tout jeune.

Ensuite, ou avant je ne sais plus trop, j’ai pris la route de Parme, j’avais un peu faim. La visite fût brève mais riche en émo­tions. J’ai enfin trouvé une Flo­rence modeste, avec –90% de tou­ristes; bon, David n’y a jamais été, ce qui est quand même dom­mage. En plus de cette décou­verte qui vaut son pesant de car­re­lage, j’ai appris en entrant dans une église – l’eusses-tu cru – que je fai­sais mal­gré moi un pèle­ri­nage sur les terres glo­rieuses de Giam­bat­tista Bodoni, détail car­to­gra­phique qui m’avait échappé jusque là. J’en fus fort ému et je dû mou­rir sur le champ – enfin, sur le sol de la nef – d’où la fin de ce récit, immédiate.

Mare Liguria

Carrara

Parma

« I was born in a sum­mer storm, I live there still. »

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