Fengardo Neue

Fen­gardo est la pre­mière enjam­bée de ma ran­don­née à tra­vers le mas­sif du des­sin de carac­tère. J’avais de bonnes chaus­sures, mon bâton, j’ai ren­con­tré quelques ber­gers avi­sés qui m’ont mon­tré les beaux lieux et les sources utiles. Main­te­nant je me sens prêt à m’installer en ubac pour apprendre à connaître ce mas­sif comme ma poche. Fen­gardo Neue, c’est une annonce plan­tée en terre: « Ici s’arrête la ran­don­née. Au-delà com­mence la marche quo­ti­dienne. »

J’ai appris à des­si­ner avec Fen­gardo, puis j’ai enri­chi mon voca­bu­laire for­mel avec d’autres formes, pour mieux com­prendre les pre­mières par com­pa­rai­son. Un jour il y a eu un déclic, je me suis senti capable de déci­der si une forme me sem­blait bonne ou non. Ça peut paraître mer­veilleux, mais ce n’est pas parce qu’on se sent la capa­cité que le juge­ment est néces­sai­re­ment bon. C’est à par­tir de ce point qu’il faut construire l’expérience qui affine le jugement.

Ce sont d’autres formes que celles de Fen­gardo qui m’ont per­mis d’atteindre cette toute pre­mière matu­rité. Fen­gardo est né d’un concept trop vague et de l’envie d’associer trop de choses dif­fé­rentes, comme c’est sou­vent le cas dans les pro­jets d’étudiants. Lorsque je me suis senti plus sûr de mon juge­ment et de mes com­pé­tences, j’ai décidé de faire le ménage parmi les têtes de cet hydre. Je n’ai jamais eu comme objec­tif d’en faire un carac­tère exem­plaire, ou com­mer­cia­lisé. Aujourd’hui je veux mettre un terme à cette his­toire pour clore le cha­pitre de l’étude et ouvrir celui de la créa­tion d’expérience. J’ai d’autres pro­jets, plus mûrs, qui ont voca­tion à être com­mer­cia­li­sés et c’est à ceux-là que je veux me consa­crer maintenant.

Ainsi appa­raît Fen­gardo Neue, ver­sion revue et affi­née de Fen­gardo. Pour l’instant le carac­tère ne com­porte qu’un romain de graisse régu­lière et noire. Ayant noté que l’italique des pre­mières ver­sions de Fen­gardo ren­con­trait bien plus de suc­cès que je ne l’aurais cru, elle ne sera pas en reste, mais elle néces­site encore un peu de tra­vail. J’ai choisi le suf­fixe ‘Neue’ pour ne pas chan­ger de nom et évi­ter la confu­sion avec l’ancienne ver­sion, parce que le des­sin a quand même beau­coup évo­lué, et puis de toutes les options euro­péennes, l’allemande est celle dont la gra­phie me plaît le plus, Neue, nou­velle (au fémi­nin parce eine Schrift, f.).

Fen­gardo Neue est dis­tri­bué par VTF, fon­de­rie insu­bor­di­née et pas vrai­ment ordi­naire, qui dif­fuse des carac­tères libres, sous licence OFL SIL. Les nou­veau­tés tech­no­lo­giques récentes du web ont aug­menté la por­tée de la typo­gra­phie dans les nuages d’Internet. Le réseau porte aussi l’idéologie du libre, une idéo­lo­gie avec laquelle je sym­pa­thise sans trop me sen­tir encore l’envie d’en être un acteur. Alors sym­pa­thi­sant, je fais ce petit cadeau au libre, un carac­tère qui a reçu mes défauts et mon amour créa­tifs, et je sou­haite qu’il vive hors de mes mains. J’ai décidé de ne pas étendre à nou­veau la cou­ver­ture lin­guis­tique des fontes au même niveau que la pre­mière ver­sion, mais cer­tains accents sont déjà des­si­nés et comme n’importe qui a main­te­nant le droit de modi­fier les fontes, les usages ne dépendent plus tel­le­ment de moi.

Voilà la fin d’un de mes temps, qui s’achèvera com­plè­te­ment lorsque je ter­mi­ne­rai l’italique qui s’ajoutera alors au paquet.

Pour finir, je vous laisse à quelques com­pa­rai­sons entre la pre­mière ver­sion de Fen­gardo et cette nou­velle. Les modi­fi­ca­tions de des­sin étaient autant cos­mé­tiques que fonc­tion­nelles, par exemple le chan­ge­ment de forme de ‘f’ & ’r’, plus courts, ce qui per­met de faci­li­ter les approches et favo­rise l’homogénéité du mot. Entre autres.

Fen­gardo Neue at Vel­ve­tyne Type Foun­dry
Fen­gardo Neue PDF Specimen

One Response to “Fengardo Neue”

  1. Emmanuel Says:

    Cette police de carac­tères est vrai­ment de belle fac­ture ! Je l’ai décou­verte en lisant le manuel Floss sur les fontes libres (http://fr.flossmanuals.net/fontes-libres/). Ins­tal­lée sur ma liseuse Kobo, son rendu, sa net­teté et lisi­bi­lité en petites tailles sont vrai­ment très bonnes.
    Pour évi­ter que la liseuse n’affiche les ita­liques dans sa police par défaut, j’ai adjoint à la “neue” l’italique de la ver­sion anté­rieure (en atten­dant une future ita­lique “neue” sur laquelle vous tra­vaillez si je com­prends bien).
    Merci pour cette police libre, et bon cou­rage pour les pro­chaines “marches quotidiennes” !

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