Pierres à l’édifice

Bien avant la tarte flam­bée et la chou­croute, Stras­bourg a de remar­quable sa cathé­drale. Par le raf­fi­ne­ment de sa réa­li­sa­tion et ses dimen­sions, elle offre un spec­tacle qui occupe faci­le­ment des heures et comble toutes sortes de curio­si­tés. Cette construc­tion est par­ti­cu­lière parce qu’au-delà des chan­ge­ments et désac­cords récur­rents lors de sa construc­tion, elle a fini par mettre tout le monde d’accord sur sa valeur; toutes les confes­sions, toutes les nations et tous les peuples qui ont pris la direc­tion de la cité un jour se sont appro­priés l’édifice. En des­cen­dant des Vosges vers la ville, La vue sur cette tour gigan­tesque et seule dans la plaine du Rhin est presque sur­na­tu­relle, et il ne manque pas d’auteurs qui ont res­senti le besoin de décrire cette pers­pec­tive. Mais si la bâtisse conserve beau­coup de sa splen­deur, c’est grâce à l’entretien assuré sans inter­rup­tion par la fon­da­tion de l’Œuvre Notre-Dame, assise au pied de la cathé­drale depuis au moins sept siècles. Mal­gré l’histoire tumul­tueuse de la région et de la ville, l’Œuvre Notre-Dame a tou­jours été consi­dé­rée comme une orga­ni­sa­tion dont la dis­pa­ri­tion aurait des consé­quences catas­tro­phiques, parce qu’elle signi­fie­rait la dégra­da­tion de ce joyau d’architecture reli­gieuse. Alsa­ciens, Fran­çais, Alle­mands, tous ont fait en sorte que cette fon­da­tion puisse conti­nuer à œuvrer pour la sau­ve­garde de la cathédrale.

L’entretien du bâti­ment implique un grand nombre de savoir-faire dont un cer­tai­ne­ment cen­tral, la taille de pierre. L’Œuvre Notre-Dame abrite donc un ate­lier de taille de pierre dont la tâche prin­ci­pale et de réno­ver les par­ties usées et éro­dées de la cathé­drale. C’est un ate­lier au sein duquel se pra­tiquent encore les tech­niques ances­trales, avec les outils anciens, ou leurs équi­va­lents modernes selon les contraintes de temps et la fac­ture qu’on sou­haite obte­nir. C’est un lieu un peu hors du temps qui forme des appren­tis en les lais­sant se déve­lop­per plei­ne­ment selon le rythme qui est le leur. Cet ate­lier, comme le reste du monde, est sujet à des concur­rences éco­no­miques, mais c’est sans doute dans son rôle de conser­va­toire de la taille de pierre que se trouve sa prin­ci­pale valeur.

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