Corbeille
‡I was on board of a train rolling through the countryside and had the firm intention of giving a book back. As I knew the landscape quite well, I decided to give the mentioned book another look : it was a facsimile of Geoffroy Tory’s Champfleury, printed in 1529.
‡The book had been lent to me by the typophile colleague I was paying a visit to, typo-colleague who must have thought my typomania was a reason good enough for me to enjoy its content. The exact title, in french, is: Art et science de la vraie proportion des lettres, or in english: Art and science of the truthful proportion of letters. Even for someone accustomed to old prints, the typesetting and orthographic irregularity are quite demanding to read. And before the author goes on the subject of what makes perfect letters to his mind, he tries to demonstrate how the french language has all the attributes of a perfect expression of excellence, which must be quite natural, obviously.
‡This marvelous demonstration can be read with some irony as the french wielded by the author, for which he himself has great esteem, can look a bit anarchic to contemporary eyes.
‡To his defense, we can add that the Académie Française (an institution entitled to give, adapt and preserve the rules of french language), to which Richelieu has given the authority to resolve the problem of irregular typographic and orthographic writing, was founded only a century later. Confirming the role Richelieu had dreamt for this institution, it is not unusual to read in french books printed between 1600 and 1800 that french has to be the rightful heir of latin, as the French nation is supposedly descending directly from the Roman Empire. A very old fantasy that was a foundation to most of the wars France has been implicated in until the end of the nineteenth century.
‡So proud are we, frenchmen, of our Republics, our Senates; another dwarf even reinstated the roman title of Tribune, shorly before inventing the Legion of Honor (a decoration still pined on proud citizen’s torso nowadays). All this has become quite common to us, thanks to a quite Frank education, but the way this book’s author demonstrates this relation between french and latin is even brighter than that. With the credit of some faith-worthy authors, he explains that the Romans, and even the Greeks, were nice people but they could only be similar to cheap wine when France has naturally the quality of a Saint-Émilion. And to give weight to this declaration, he refers to the myth of Hercules.
‡I’ll spare the details on why Hercules a deeply wise & reasoned man is, thus having to be french, and I’ll simply point the fact on which the demonstration is based, that is to say that Hercules, when named by latin & greek authors is always called Hercules Gallicus, and not Hercules Latinus nor Hercules Græcus. Anyone has to admit this is a proof that can’t be doubted…
‡Personnaly, I’m quite amused by such details, and I can bear to be the only one in this case. Such elements highlight some roots of a french mentality and pride that often exasperates me but that I mostly laugh about.
‡And to those that History lessons haven’t killed yet, I suggest a little compared reading to see what linguistic and typographic changes have happened throughout five hundred years.
September 11th, 2010 at %I:%M %p
¶ Je n’ai pas sous la main mon exemplaire de ce fac-similé du Champfleury (que l’on trouvait dans les solderies Mona Lisait, il y a une dizaine d’années). Mais j’imagine que Tory, à la suite de ce passage, glose la figure reproduite à la fin du billet: on y voit clairement des chaînes qui partent de la bouche de l’Hercule gaulois, auxquelles sont attachés par le col tous ceux qui forment sa suite. Ce sont, allégoriquement, les chaînes de l’éloquence. Ce qui est sympathique, c’est que cet personnification de la nation française règne par le pouvoir des mots, et non par la force brute. C’est l’excellence de la langue française qui fait de lui ce souverain par la parole.
¶ Les variations orthographiques, l’usage non systématique des tildes, ainsi que d’autres ligatures ou abréviations, ne relèvent pas d’une fantaisie anarchique. C’est une souplesse qui permet de justifier le texte tout en conservant un gris typographique le plus uniforme possible. En 1931, dans son Essay on Typography, Eric Gill préconisait un retour (raisonnable) à ces pratiques, qui, selon lui, gênent moins la lecture que la fragmentation du texte entraînée par la dilatation de l’espace inter-mots.
¶ Merci pour Fengardo!
September 11th, 2010 at %I:%M %p
Erratum: lire cette personnification {§ 1, l.8}
September 12th, 2010 at %I:%M %p
De rien pour fengardo et merci pour ces ajouts qui enrichissent mon propos volontairement imprécis – à l’image de mon cynisme inconstant. Oui cette inconstance de composition avait une fonction et un sens, ça n’empêche que l’apparence n’est pas d’un ordre indiscutable, ce qui ne me déplaît pas. ¶ Tory évoque bien la personnification attribuant à Hercules Gallicus la force de l’éloquence (en plus de la force physique du mythe), ce qui ne renforce que plus l’arrogance française à mes yeux, dans ce cas étrangers. Et sans rapport; ce commentaire me donne envie de le relire ce Essay on Typography de Gill. Un second merci, lecteur qui suit. : )
September 13th, 2010 at %I:%M %p
¶ Mais si, un grand merci pour Fengardo!
¶ Ne soyez pas trop dur avec Tory: son “arrogance” est sans doute en partie un effet de perspective. S’il met en avant la figure d’Hercule gaulois & l’excellence de la langue française, c’est surtout afin de s’opposer à la suprématie du latin: il aura fallu cette confiance un peu orgueilleuse (et en tout cas militante) dans les langues vernaculaires, au XVIe siècle, pour que la culture européenne parvienne à s’arracher à une langue morte, mais parvenue à son point de perfection. C’est le même esprit qui anime du Bellay dans sa Deffense, & illustration de la langue françoyse (vingt ans après Champfleury).
September 13th, 2010 at %I:%M %p
Je peux sembler dur envers Tory mais pour autant je ne le trouve coupable de rien. Mon opinion lui a fait porter, par facilité, un chapeau qui revient, selon moi, à une éducation séculaire qui s’appuie sur l’inertie de cette formation identitaire française (réussie ?) au sein de l’Europe.
Quoiqu’il en soit, cet échange est bienvenu et intéressant; je n’ajouterai pas de merci, mais l’intention y est.
September 13th, 2010 at %I:%M %p
Les S ressemblent à ce que j’ai déjà pu voir en décryptant des textes manuscrits du siècle dernier (ou encore avant, même)… — pour info je n’ai pas fait ces transcriptions par plaisir– mais cela m’a amusé d’y trouver une certaine similitude avec l’écriture de cher Geofroy!
Et je te remercie également pour Fengardo, je m’en suis éprise :)